Après avoir entendu beaucoup de voyageurs nous parler en bien de leur passage en Birmanie – officiellement appelé République de l’Union du Myanmar – on a décidé de faire une entorse à la « règle » de ne pas prendre l’avion qu’on s’était fixée en arrivant en Asie. En effet, il n’existe à ce jour aucune possibilité de rentrer dans le pays par voies terrestres ou maritimes (sauf dans de petites enclaves). On embarque donc à Bangkok pour atterrir à Yangon après une grosse heure de vol.
Ancienne capitale pleine de vie
Yangon, anciennement appelé Rangoon, est la plus grande ville de Birmanie mais n’est plus que la capitale économique du pays. La capitale administrative a été transféré à Naypyidaw en 2005 par la junte militaire (auto-dissoute en 2011) alors au pouvoir. Une vieille copine qu’on n’avait pas vu depuis une paille et qui ne nous avait pas trop manquée nous attend à notre descente de l’avion : la pluie. On complète rapidement notre trousseau de parfait voyageur en s’offrant la compagnie protectrice de 2 parapluies. Accessoire indispensable pour pouvoir arpenter les rues de la cité qui disparaissent rapidement sous 20 centimètres de flotte.
Pour notre plus grande joie on découvre que les trottoirs de Yangon pullulent de petites gargotes et de mini-restaurants. On retrouve, comme à Hanoï, le plaisir de s’asseoir sur de toutes petites chaises en plastique et de regarder la vie des autochtones se dérouler devant nos yeux en sirotant du thé ou en avalant des soupes de nouilles.
Ça tient pas à grand chose mais on se sent rapidement à l’aise ici, certainement grâce à tous les repères qu’on a acquis dans les pays précédents. Et puis les birmans nous accueillent toujours avec le sourire et ne loupent pas une occasion de s’exercer à la pratique de l’anglais en nous posant des questions simples : d’où venez-vous ? Où allez-vous ? Combien de temps restez-vous au Myanmar ? On apprend à notre tour quelques mots du pays de nos hôtes histoire d’avoir d’autres occasions de sourire mutuellement. C’est simple mais c’est vraiment très plaisant. C’est un peu l’idée naïve, clichée, qu’on peut se faire en arrivant dans un pays d’Asie : on passe notre temps à sourire, tout bonnement heureux d’être content de voir que ce sont des sourires partagés !
Un tour à la Pagode Shwedagon
Ça nous fait (presque) oublier qu’il pleut un peu tous les jours depuis qu’on est arrivés à Yangon. Ça ne nous empêchera pas d’aller visiter l’un des monuments religieux les plus remarquables qu’il m’ait été donné de voir – et des temples on en a vu un paquet depuis le début de notre voyage.
Mais l’atmosphère paisible qui imprègne la Pagode Shwedagon est particulièrement envoûtante. Pourtant, comme de nombreux européens en ce qui concerne les monuments historiques, je suis plutôt sensible aux vieilles pierres voire aux ruines plus ou moins rénovées qui conservent ainsi une trace de leur passé. Ici, ça n’a rien à voir : les asiatiques n’ont pas du tout la même conception de la conservation des vestiges de l’Histoire. Du coup tout est refait à neuf avec parfois des choix étranges comme de mettre des guirlandes lumineuses criardes autour des Bouddhas. Mais malgré tout, le charme opère et c’est déroutant de saisir la puissance d’un lieu spirituel avec ce point de vue asiatique.
En plus, on s’est fait accoster – très gentiment – par un monsieur qui nous a proposé de nous guider à travers les arcanes de la Pagode. Grâce à lui, on apprend le signe animal qui correspond à notre jour de naissance (dragon pour Céline et cochon d’Inde pour moi, si si …), et on participe à un petit cérémonial avec offrande d’eau et prière pour que la chance soit avec nous tout au long de notre parcours birman.
Il propose aussi à Céline des points de vue intéressants pour faire de beaux clichés, et l’incite à photographier nonnes et moines dont elle aurait hésité à tirer le portrait dans d’autres conditions.
Observation et découvertes
Dès le premier jour à Yangon, on a remarqué que les femmes comme les hommes portaient tous la jupe longue traditionnelle appelée longyi (les motifs et la façon de l’attacher diffèrent selon le sexe). Ils sont très nombreux, d’avantage les femmes et les enfants, à utiliser sur le visage un maquillage traditionnel, le thanaka, qui sert à hydrater la peau, la protéger du soleil et parfois la blanchir. Beaucoup de birmans mâchent et crachent un mélange de tabac, de noix d’arec et de calcium blanc (de la chaux!) entouré d’une feuille de bétel. La préparation s’appelle bétel et à plusieurs utilités : coupe-faim, stimulant, aphrodisiaque, médicament,… En tout cas ça laisse des traces rouge sur le pavé et Céline n’aime pas trop les voir expectorer.
Pour finir notre observation des rues de Yangon, on profite d’une balade à travers les nombreux marchés nocturnes pour contempler d’autres scènes de vie pittoresques.
On n’a pas souvenir d’en avoir vu autant dans les autres pays d’Asie. Les marchés à Phnom Penh avaient quelque chose de plus établis. Ici, c’est au bord des rues, sur les trottoirs que se tiennent les nombreux étals de nourriture où les marchandes hèlent les passants. On se fraie un passage au milieu des fruits, de la viande à l’air libre et des légumes. On ne boude pas notre plaisir d’avoir débarqué en Birmanie.
Ma barbe de Robinson Crusoé ne ressemblait plus à rien. Il était grand temps de tout raser avant de poursuivre notre exploration du pays…