On expérimente pour la première fois les bus de nuit birmans. Ca vaut le détour si on aime la clim’ à fond (la polaire, les chaussettes et une écharpe sont vivement conseillées), les mecs qui ronflent et s’étalent sur toi : je me suis réveillée plusieurs fois avec un pied pas très propre sur l’épaule, et les films où les scènes dramatiques durent au bas mot 50 minutes : j’imagine « je t’ai trompé avec ton frère…ton père…ta mère…le chien…et…et…le cochon du voisin ». Bref, les trajets sont souvent longs, agrémentés de pannes diverses et variées.
Mais c’est un peu le loto car on peut tomber sur des bus hyper customisés et tout confort.
Après une bonne nuit de bus agitée, on arrive à Nyaung Shwe, petite ville touristique près du lac Inle.
Notre chance, c’est qu’on est en basse saison et qu’il n’y a pas foule d’étrangers dans les guesthouses. On se crée vite nos petites habitudes : se lever pas trop tard pour profiter d’un truc génial qu’on n’a vu qu’en Birmanie, le petit déjeuner inclus partout. Le café, le thé et les p’tits toasts sur la terrasse ensoleillée, la journée commence forcément bien.
Le programme de ces quelques jours débute simplement : on glande un peu, on se ballade, on mange sur le marché pas cher, je rachète un chapeau, le 3ème quand même, vu que j’ai la manie de les perdre, et on finit au Pancake kingdom, café crêpes internet.
Dans le Lonely Planet, il est indiqué qu’on ne peut pas passer par le lac Inle sans se payer une journée de virée en bateau. Bon, nous on se méfie vraiment de ce qui se dit dans ce machin comme parole d’évangile, mais une fois n’est pas coutume, on se décide à le faire. Et évidemment, c’est à couper le souffle. C’est le second plus grand lac du pays, avec une surface d’environ 12 000 ha.
De chaque côté, des montagnes majestueuses défilent et se reflètent.
On a le temps vu l’immensité du décor, de regarder la vie bien organisée sur le lac. Les transports se font par bateau à moteur soit par pirogues traditionnelles. Les pêcheurs rament d’une façon unique, debout sur une jambe à la poupe et l’autre enroulée autour de la godille, ce qui leur permet de voir au-dessus des plantes qui couvrent une grande partie du lac.
Cependant, les femmes rament à la main, assises jambes croisées à la poupe, faudrait pas qu’elles soient trop olé-olé, tout de même.
Après l’eau à perte de vue, on atteint les canaux qui nous amènent à des villages flottants, sur pilotis où tous les déplacements se font en pirogue, aller dire bonjour au voisin, aller faire ses courses etc…
On a l’impression de se retrouver dans une Venise asiatique.
Notre conducteur du jour nous emmène faire le tour des artisans du lac : une soierie qui utilise aussi les fibres de la fleur de lotus pour confectionner des robes pour les statues de Bouddha, une fabrique artisanale de cigares, une argenterie qui frappe des bijoux au design propre à ce lieu. Un peu touristique mais vraiment chouette !
Les habitants cultivent aussi des légumes et des fruits sur des jardins flottants. Ceux-ci sont formés de racines extraites des parties les plus profondes du lac, qui sont rassemblées en « nappes » ancrées par des piquets de bambous. Ces jardins montent et descendent avec le niveau de l’eau, ce qui leur permet de résister aux inondations. Ils sont extrêmement fertiles, grâce à l’eau chargée de nutriments.
Nous sommes montés dessus pour tester la flottabilité de ces îlots, on peut marcher dessus mais on se rend vite compte que c’est véritablement spongieux et qu’on ne peut pas y rester indéfiniment sans prendre l’eau. En observant les rangs de culture de tomates flottantes, on voit l’ensemble bouger au gré du clapot.
La journée du lendemain sonne beaucoup moins glorieuse. Après une bonne glandouille, on décide de tenter le coucher de soleil sur le lac, que je suppose être magnifique. On loue des vélos et en avant ! Une demi-heure après, l’orage et la pluie nous cueillent, sans nos parapluie…On s’arrête au village de Maing Thauk. Celui-ci est à moitié sur la terre et à moitié sur pilotis. On décide de rentrer à Nyaung Shwe en bateau, même s’il fait froid et qu’il pleut, les vélos dans le bateau, c’est pas mal aussi.
Demain, départ pour Bagan et ses milliers de temples.