Comme souvent (tout le temps ?), on n’avait pas de plans précis pour notre séjour en Birmanie. Après Bagan, on avait pensé pouvoir se rendre facilement dans des coins reculés de l’état du Chin qui borde le Bangladesh. Trop d’informations contradictoires nous ont incitées à renoncer. Après notre passage éclair à Mandalay, on a donc décidé de poursuivre à l’est et de rejoindre la ville de Hsipaw.
Un trek sinon rien
La plupart des voyageurs qui pointent le bout de leur sac à dos dans cette petite ville du grand état du Shan viennent pour user leurs godillots. Sauf se relaxer, il n’y a pas grand chose d’autre à faire ici que de randonner. Alors comme on aime avaler des kilomètres de pistes poussiéreuses en plein soleil au milieu de splendides paysages, on n’hésite pas une seconde. On choisit un trek de 4 jours. On boucle nos sacs à dos, on est fin prêts à affronter la « jungle » birmane.
Hsipaw – Namhsan
Avant de commencer à marcher, il faut rejoindre la petite localité de Namhsan située dans les hauteurs, à 60 kilomètres de Hsipaw. On embarque dans un camion benne – en fait un tuk tuk amélioré au confort spartiate – qui n’excédera pas le 20 km/h de moyenne sur la piste défoncée. Oui oui, c’est un trajet qui nous prendra 3 bonnes heures et qui nous filera, en plus, de sérieuses envie de tout régurgiter.
On essaie de retrouver un peu de contenance quand on se fait débarquer devant l’unique guesthouse du patelin pour pouvoir comprendre ce qu’il nous arrive. En fait, le guide avec qui on devait partir ce matin (midi en fait), a déjà mis les bouts avec 2 autres touristes. Qu’à cela ne tienne, un monsieur d’un certain âge qui parle très bien anglais, nous propose de le remplacer au pied levé. On monte à 3 sur son scooter déglingué, moteur éteint dans les descentes, pour rejoindre son village un peu plus bas, histoire qu’il rassemble quelques affaires avant le départ. Grand moment !
Une nuit au monastère
Après le repas qu’il nous a concocté, on est enfin partis sur les sentiers vallonnés au milieu des plantations de thé. Il est déjà 15 heures mais il n’y a que 2 heures de marche jusqu’à notre première étape : un monastère bouddhiste. C’est pas Tintin au Tibet mais ça y ressemble un peu quand même ! Enfin, surtout parce que c’est notre première nuit dans un monastère. Les paysages ont plus à voir avec la Suisse (succession de collines verdoyantes) qu’avec la chaîne de l’Himalaya.
On nous installe nos paillasses dans une pièce réservée aux gens de passage. On se douche à l’eau froide et on apprécie la simplicité des bonnes choses en avalant une soupe de nouilles dans la gargote située dans le village qui entoure le monastère bouddhiste. Santi, notre guide, a 63 ans et exerce ce métier depuis 15 ans. Il nous apprend qu’il y a 2 mois, en raison du conflit des minorités Shan et Palaung avec les Birmans, tous les treks de la région étaient interdits aux touristes. On a vraiment du mal à imaginer un seul instant qu’il puisse il y avoir une escarmouche dans des endroits comme ce village.
À travers les villages Palaung
On se lève aux aurores le lendemain matin. Les moines ont commencé leur journée il y a déjà plusieurs heures et tout le monde est actif dans le monastère.
Pendant l’empaquetage de mes affaires, je fais la connaissance de Nanda Zeya, le plus petit et le plus jeune moine qu’il m’ait été donné de voir. Il est plutôt timide mais j’arrive à le faire marrer et tout le monde est content !
On quitte le monastère après avoir fait une offrande (le prix de la nuit) et on laisse derrière nous ce premier village attachant.
Comme on effectue ce trek sur 4 jours, on prend relativement notre temps et c’est plutôt agréable. On traverse de nombreux villages Palaung, une minorité ethnique qui vit principalement dans cet état du Myanmar. Les gens ne sont jamais prévenus à l’avance de notre passage par chez eux. Santi connaît les endroits où il peut s’arrêter pour manger et dormir, contre un peu d’argent, en profitant de l’accueil toujours chaleureux des villageois.
Ainsi, le soir du deuxième jour de marche, on a fait étape dans une famille qu’il ne connaissait pas. En 2 minutes, tout le monde rigolait et appréciait franchement la présence des 2 touristes dans leur demeure. Après la douche froide, au bac et au milieu de la cour derrière l’habitation, on dîne simplement. Les discussions avec notre guide qui nous sert aussi d’interprète – il parle birman, palaung, shan et anglais – tourne principalement autour de l’apprentissage de l’anglais pour notre famille d’accueil. Ils s’y mettent tous et répètent les formules de politesse afin de pouvoir recevoir plus facilement d’autres randonneurs. De notre côté, on demande plein de mots de vocabulaire en birman et tout le monde rigole quand on prononce des phrases complètes.
Une heure de pluie
L’exubérant Santi qui déborde de vitalité nous conduit un peu plus haut dans les montagnes avant de redescendre sur Hsipaw. Mais avant de pouvoir terminer notre longue troisième journée de marche, on a eu le droit à un peu de pluie. Pas grand chose : seulement une heure. Mais ça m’a permis de comprendre en voyant les mini torrents de boue se former sur les pistes qu’on empruntaient ce que « saison des pluies » pouvait signifier. Malgré nos équipements anti-déluge, on a fini trempé de la tête aux pieds. Céline accuse le coup mais notre village étape n’est plus très loin. On va pouvoir souffler et apprécier un excellent repas à base de soupes et de fritures.
Par contre, impossible de faire sécher nos pompes. Heureusement qu’il ne nous reste qu’un petit jour à trekker.
Retour à Hsipaw
Comme on se rapproche de la ville, on descend en altitude et on gagne en température. C’est supportable en début de journée, mais il vaut mieux se mettre à l’ombre pendant les heures les plus chaudes pour éviter le coup de bambou. On profite des dernières pauses dans les petits villages juste avant Hsipaw pour offrir des rafraichissements à notre guide qui nous a conduit à bon port.
On consacre les quelques jours qu’il nous reste pour nettoyer et faire sécher notre matos. C’est bientôt la fin de notre aventure birmane. On emporte avec nous une cargaison de sourires.