En rentrant sur Hanoï, après nos passages à Tam Coc et à Maï Chau, on avait pris rendez-vous avec Marion, l’expatriée française croisée à la Baie de Ha Long, pour qu’elle nous parle un peu plus d’un endroit et de gens qu’elle aime particulièrement dans son pays d’adoption.
On est d’abord aller faire un tour sur le site internet de Green Vietnam pour se familiariser avec le projet et les tarifs proposés, puis on a rencontré les personnes qui font la promotion touristique du lieu depuis Hanoï (Freewheekin’ Tours) pour un peu savoir où on mettait les pieds. Tous ces intermédiaires parlent, ou sont, français ce qui nous permet de leur poser beaucoup de questions autour des thématiques soulevées par nos précédentes expériences comme touristes dans ce pays. On décide donc de quitter la capitale le lendemain matin pour retrouver la campagne.
À l’origine, on avait envisagé ne rester que 2 nuits pour visiter d’autres lieux plus au nord (et notamment le parc national Ba Bể). Conquis par la sympathie des gens et l’énergie du projet, on y a passé une semaine…
Arriver à Green Vietnam, c’est se retrouver au fond d’une vallée verdoyante dans une ferme très propre et très bien tenue après 6 kilomètres de piste boueuse et glissante en scooter. Accueil de la famille et découverte de l’ecolodge traditionnel (habitat écologique et responsable destiné à l’accueil de touristes) : une maison en bois sur pilotis avec plancher en lames de bambou. Puis c’est Quang, le chef de famille qui est à l’origine de cette ambitieuse initiative, qui nous fera visiter les terrains attenants. C’est surtout avec lui qu’on a beaucoup discuté des buts et des implications de ce vaste projet, unique au Vietnam, qui comprend maintenant une dizaine de fermes bio sur une surface totale de plus de 50 hectares.
Produire une agriculture biologique était une nécessité pour Quang : en une vingtaine d’années il a vu l’état de l’eau de son pays se dégrader à cause des pesticides et des produits chimiques ; la qualité de la terre s’appauvrir à cause de l’intensification des cultures. Le bio permet la préservation de l’environnement naturel, c’est-à-dire le respect de la nature mais aussi des hommes qui y vivent et qui en vivent. C’est en suivant ce raisonnement que de nombreuses personnes se sont formées à l’agriculture grâce au projet et ont rejoint Green Vietnam ou créé leur propre ferme, ce qui leur a permis d’élever leur niveau de vie et/ou de quitter un mode de vie urbain violent et isolant. L’interconnexion qui existe entre les différentes familles réunies au sein de ce projet permet d’éviter les pièges de l’exclusion et génère un tissu social solide.
Quant à l’analyse de Quang par rapport à la question touristique, elle est une nouvelle fois déconcertante de réalisme. Énormément de touristes viennent au Vietnam pour rencontrer des locaux. Il faut donc que ces populations gèrent elles mêmes leur tourisme pour profiter directement des retombées financières afin de pouvoir continuer à promouvoir des projets innovants, écologiques et respectueux des modes de vie. C’est pour cela qu’il a fait construire de très beaux ecolodges qui s’intègrent parfaitement au milieu des plantations d’arbres fruitiers de la ferme.
Une fois que le projet originel sera pérennisé et indépendant financièrement Quang souhaite développer un projet similaire en lien direct avec les populations locales dans une autre vallée. À 33 ans et une vie déjà bien remplie, il a des envies et des rêves plein la tête. C’est de son histoire personnelle qu’il a puisé la réflexion et la volonté de proposer une autre vie possible loin des violences économiques et sociales des grandes villes d’un pays en pleine mutation : le Vietnam est désormais membre de l’OMC depuis le 11 janvier 2007.
C’est peu de vous dire qu’on est tombé en admiration devant la cohérence du projet et les analyses stupéfiantes de Quang. Si vous souhaitez venir l’aider et mettre la main à la pâte, sachez qu’il est possible de faire de l’écovolontariat dans les fermes du projet pour une durée minimum de 15 jours. N’hésitez pas à rentrer en contact avec eux !
En une semaine, pour notre part, on a participé (un peu) à la vie de la ferme mais on a surtout tissé des liens avec les gens qui vivent là-bas. On est reparti avec le cœur gros en se promettant qu’on reviendrait certainement à Green Vietnam pour pousser l’aventure un peu plus loin…