De retour à Delhi après cette échappée dans la vallée de Spiti, on doit déjà faire le bilan de notre passage en Inde. Ces 6 semaines ici ont filé à une folle allure et ne nous auront permis de ne gratter que la surface d’un pays d’une rare complexité.
L’Inde est une entité géographique, économique, une unité culturelle dans sa diversité, un assemblage de contradictions, maintenu par des liens puissants, mais invisibles.
Jawaharlal NEHRU, premier ministre de l’Inde, de 1947 à 1964.
Arrivée en douceur
Nous avions déjà connu le choc de l’arrivée dans le sous-continent indien en débarquant au Bangladesh. L’arrivée à Kolkata s’est donc faite en douceur et on a été agréablement surpris d’y (re)trouver facilement nos repères de voyageurs. Avant d’y être, on n’imaginait pas pouvoir souffler et même se reposer dans cette mégapole souvent dépréciée. Notre première vision de l’Inde s’est donc faite à travers le prisme de cette ville de contrastes, où se côtoie la misère des enfants mendiants au pied des magasins et restaurants appartenant aux grandes marques internationales.
C’est en quittant le Bengale-Occidental pour la ville de Purî dans l’état de l’Odisha qu’on a vraiment commencé à se représenter la richesse et la diversité culturelles de ce gigantesque pays. Qu’ils soient à l’état de vestiges ou toujours en activité, les lieux de culte sont partout. Ils témoignent de l’enracinement historique de la plus vieille religion du monde toujours pratiquée : l’hindouisme.
Cette religion propre à l’Inde est la plus importante du pays, mais elle n’est pas la seule à avoir influencé notre parcours. Même s’il y a nettement moins de pratiquants ici que dans le reste de l’Asie, le bouddhisme possède en Inde son lieu de pèlerinage numéro un : Bodhgaya et son temple de la Mahabodhi, c’est à cet endroit que le prince indien Siddhartha Gautama atteignit l’éveil et devint Bouddha.
Parcours spirituel
On n’avait pas forcément prévu que notre trajet dans ce pays revête à ce point un caractère spirituel. Mais de Purî au Taj Mahal à Agra, en passant par Varanasi et Bodhgaya, force est de constater que chacune de nos destinations baigne dans l’une des 3 religions majoritaires en Inde : Hindouisme, Islam et Bouddhisme. Comme Émilie le dit joliment dans son article :
Si vous n’allez pas à la rencontre des dieux, c’est eux qui viendront à vous.
Petit regret cependant : malgré leur présence remarquée, notamment à Delhi, nous ne serons pas rentrés en contact avec les sikhs et leur religion, le sikhisme, qui a été créée pour affirmer l’existence d’un seul Dieu créateur et rejeter le système de castes.
Parmi ces destinations religieuses, Varanasi nous aura fait la plus grosse impression. Cette ville est un grand bordel débordant de vie(s), un cœur qui bat la chamade au rythme du Gange sacré. Cette ville nous rattrapera certainement un jour pour qu’on puisse venir l’admirer quand ce fleuve, mère de tout un pays, ne sera pas en crue.
L’Inde a du cœur et deux grands bras (voire plus) qui vous étreignent et vous plongent au milieu des turpitudes de plus d’un milliard d’êtres humains et d’autant de destinées. Ce pays finit par vous absorber, souvent malgré vous, dans sa culture, son rythme, ses nombreux paradoxes et ses criantes contradictions.
On comprend mieux maintenant pourquoi et comment autant d’Occidentaux un peu pommés, en crise identitaire, en plein doute spirituel, tout simplement perdus ou bien juste curieux sont tombés éperdument amoureux de ce pays aux multiples facettes. Ici plus qu’ailleurs, la fascination pour l’autre peut-être très grande, et balayer tout un tas de convictions qu’on pensait pourtant solidement enracinées.
Les profiteurs de tout genre connaissent cet avantage qu’ils ont sur les touristes fraîchement débarqués sur leur territoire et l’usent dans nombre d’arnaques, parfois hallucinantes. On a su être vigilants et éviter ce genre d’embrouilles, mais on nous a rapporté d’incroyables mésaventures, surtout autour de la gare de New Delhi. Par contre, on n’a pas échappé au marchandage. On s’est même prêté à ce « jeu » avec un certain enthousiaste, vu que ça finissait souvent par des sourires pour les deux parties. Mais lorsque la fatigue s’en mêle, difficile de garder son calme et sa zen attitude acquise pendant la méditation…
Petite virée au Tibet
Pour couper avec les villes et leurs foules d’âmes, on s’est exilé dans la vallée de Spiti. Les contreforts de l’Himalaya nous ont accueillis pour nous offrir la tranquillité et la beauté simple des montagnes majestueuses qui assistent, placides, à l’agitation des hommes depuis des milliers d’années. Ce petit bout du Tibet est aussi une invitation pour un retour plus long fait de davantage de randonnées. Au passage du col de Kunzum La, à 4551 mètres d’altitude, on a réalisé que notre été de 6 mois touchait bientôt à sa fin…
Adieu maillot de bain, bonjour moufles et bonnets !
La route reprend ses droits et nous rappelle à ses exigences. 6 semaines en Inde, c’était vraiment très court…
Céline & Kélig
Quelques bouquins…
Si vous voulez vous préparer à voyager en Inde sans bouger de votre canapé, Céline vous propose une liste d’excellents bouquins qui nous ont suivis pendant notre séjour indien.
Meurtres dans un jardin indien de Vikas Swarup : polar « léger » et très accessible avec une structure narratrice intéressante. Par l’auteur du livre qui a inspiré le film Slumdog Milionaire.
Loin de Chandighar de Tarun J Tejpal : Un couple indien se déchire dans ce livre poétique très bien écrit. Ça m’a donné envie d’aller voir les montagnes.
Shantaram de Gregory David Roberts : Un Australien échappé de prison débarque en Inde et devient presque plus indien qu’un Indien. Une histoire vraie, hallucinante et bien écrite que l’auteur a mis 13 ans à boucler, en prison, et en Allemagne…
Mais non, on n’a pas oublié le supplément d’images indispensable pour tous les lecteurs acharnés du blog !
Vache(s) ment bien
Les cochons d’Asie du Sud-Est sont définitivement derrière nous… Il faut bien finir par se faire une raison. Et puis, l’Inde, c’est quand même le pays des vaches sacrées. Petit florilège de bovins – vaches et buffles – et autres curiosités :
À très vite pour la suite de nos aventures…