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La vallée de Spiti : la montagne ça nous gagne !

Une fois qu’on a empoché le Taj Mahal dans notre besace de monuments immanquables, on hésite un peu sur ce que sera notre prochaine destination indienne : le désert du Rajasthan ou les hauteurs himalayennes ? Finalement, on se décide pour aller faire un tour à la montagne, dans la vallée de Spiti.

Le projet

C’est Bob, le dentiste australien qu’on a croisé pendant notre escapade en Tasmanie (c’était en janvier (!!!), rafraichissez-vous la mémoire en relisant cet article), qui nous a le premier parlé de cette région située dans le nord-ouest de l’Inde, dans l’état de l’Himachal Pradesh, pas loin des frontières chinoises et népalaises.

Bob LavisNotre ami australien a fondé, avec l’aide des locaux, un programme d’aide et de soins dentaires pour les enfants de toute la vallée. On lui avait laissé entendre que si l’occasion se présentait, on irait faire un tour dans cet endroit reculé de l’Inde qu’il nous avait décrit comme étant particulièrement beau…

Le trajet

Pour bien saisir à quel point cette vallée est isolée, une description du trajet qu’il faut effectuer y parvenir est nécessaire.

En partant de Delhi, il nous faut d’abord faire entre 13 et 14 heures de bus de nuit pour atteindre la ville de Manali située à 2050 mètres d’altitude. La ville est un repère de backpackers (notamment des Israéliens), de néo-hippies et de jeunes teufeurs attirés par le bas prix de la vie et l’omniprésence du cannabis et d’autres drogues (si affinités). J’ai du mal à comprendre leur intérêt à vouloir venir s’isoler tous ensemble dans des coins qui devaient certainement être très bien avant qu’ils ne débarquent en masse… Pour nous, ce ne sera qu’une ville-étape. On doit prendre un bus local dès le lendemain matin 5 heures pour aller taquiner un peu la chaîne himalayenne.

Manali

C’est parti pour 12 heures de trajet sur pistes étroites, poussiéreuses et défoncées. Le bus passe dans des endroits où certains n’emmèneraient pas leurs 4×4. 12 heures de bus à côtoyer les précipices vertigineux. J’imagine l’angoisse de ma mère !

Faut pas se planter...

Mais tout va bien, on a confiance en notre chauffeur qui, lui, a confiance en Bouddha. Pas de problème donc.

Notre bus tout terrain

Et pour être bien sûr que tout se passera bien, tout le monde se recueille devant la stupa quand on franchit le col de Kunzum La. 4551 mètres d’altitude. Ah oui quand même ! Ça y est, on est entrés dans la majestueuse vallée de Spiti. Inutile de dire que c’est impressionnant.

Temple tibétain à Kunzum La

Mais c’est un peu haut pour Céline qui va me faire une grosse frayeur en se réveillant le lendemain dans la ville de Kaza avec les yeux et le visage gonflés. Le médecin de l’hôpital nous rassure. Un peu de repos et tout ira bien.

Fais pas la gueule John

La ville n’est pas passionnante, mais c’est la plus importante et un passage obligatoire pour circuler dans la vallée.

Vue de la guesthouse à Kaza

Tabo, perdu dans la vallée

Notre objectif final se situe à 2 heures de jeep de Kaza.

Une route comme on les aime

C’est le petit village de Tabo où habite Phuntsok Baba, l’ami et le contact de Bob dans ce coin reculé de l’Inde. Avec le soleil de fin d’après-midi qui inonde la vallée de Spiti de sa lumière bienfaisante, c’est avec ravissement qu’on découvre Tabo, paisible village himalayen.

Paisible Tabo

On fait connaissance le lendemain autour d’un café. On discute des raisons qui nous ont conduits ici et du projet d’aide aux enfants. Baba est bouddhiste, comme la plupart des habitants de la vallée.

Baba, le pote de Bob de Tasmanie

Plus jeune, il a été moine comme le voulait la tradition qui « imposait » aux familles d’envoyer leur fils cadet au monastère. Du coup, il y a dans ces vallées un grand nombre de moines défroqués qui ont décidé de mener une autre vie. Malgré tout, il nous recommande chaudement de visiter le monastère de Tabo.

Entrée du monastère

On s’y fait guider par un moine qui étudie l’histoire et la philosophie bouddhistes, et qui a donc la connaissance suffisante pour nous expliquer en détail les peintures qui ornent l’entièreté des murs et des plafonds de 3 des 9 temples de ce monastère.

Vue d'ensemble sur le monastère

On est soufflés par la beauté de ces œuvres picturales qui représentent différents Bouddhas (anciens, présent et futur) et bodhisattvas (fidèles sur la voie de l’éveil). Les photographies sont interdites à l’intérieur de ces sanctuaires, vous devrez donc nous croire sur parole quand on vous dit que l’intérieur de ces temples est magnifique (et pourtant, on en a vu un paquet des temples bouddhistes…). Ces édifices religieux, qui ont été érigés entre le Xe et le XVIe siècle, sont particulièrement bien conservés. Leurs murs en boue d’origine sont entretenus régulièrement afin de préserver efficacement les trésors qu’ils abritent.

On fait tout soi-même ici

Perdue dans cette vallée, coincée entre ces magistrales montagnes, on comprend le choix de ce roi tibétain qui a fait construire cette retraite spirituelle pour honorer Bouddha.

La cloche d'entrée

Petite rando

D’ailleurs, en parlant de montagnes, il est grand temps qu’on aille arpenter leurs sentiers, pierriers et autres déclivités. On entame donc une petite rando qui débute au-dessus des grottes de méditation utilisées par les moines pour atteindre la voix du renoncement.

la stupa

Après une bonne heure de marche, on atteint un premier palier qui est déjà trop haut pour Céline. Le mal de crâne est trop important pour continuer. Je poursuis donc seul mon exploration du relief himalayen. Le sentier est assez approximatif et je m’oriente à l’aide des nombreux cairns qu’on peut parfois apercevoir de très loin.

En haut

J’arrive assez rapidement à un point de vue magnifique sur la vallée qui est agrémenté de pas mal de drapeaux de prière. Ces banderoles et de l’encens sont censés porter chance, et bienveillance aux pèlerins qui s’aventurent aussi haut et aussi prêt de leur créateur.

Drapeaux tibétains

En ce qui me concerne, je ne suis pas suffisamment rassasié de reliefs. Je continue donc ma marche en m’imposant comme point d’arrivée un sommet inatteignable en une journée. Mais je ne le sais pas encore, donc j’avance en jetant toutes mes forces dans la bataille contre le massif.

IMG_1349Des vautours majestueux tournent en cercle au-dessus de ma tête et je peux apprécier leur envergure impressionnante. Funeste augure ?
En tout cas, je finis par capituler peu de temps après en me promettant de revenir ici un jour, histoire de régler définitivement mes comptes avec ce petit bout de l’Himalaya. Je trouve un cairn sur lequel je dépose une pierre en guise de promesse de mon retour prochain.

Cairn près du sommet

Il est grand temps d’entamer la descente et de retrouver Céline qui m’attend depuis des plombes. Les vautours me disent au revoir. Je leur réponds merci pour tout, et à bientôt !

Notre séjour ici était définitivement trop court et c’est avec des idées des tas projets de randonnée plein la tête qu’on quitte cette magnifique vallée de Spiti.

Dans la vallée

Les quelque 12 heures de bus qui nous ramènent à Manali passent plus facilement qu’à l’aller. Maintenant que Céline est acclimatée, elle peut dormir dans le bus comme les locaux, même quand le véhicule rebondit sur la piste défoncée.

D'où viennent les rivières

Merci à Bob de nous avoir fait découvrir cette vallée des merveilles. Vous pouvez télécharger un document explicatif du projet ici (en anglais seulement).
Merci à Baba pour son accueil. Si vous comptez, allez dans la vallée de Spiti et à Tabo, n’hésitez pas à aller séjourner dans son homestay, voici son adresse mail : phuntsok_baba@yahoo.co.in

 

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