Après Purî dans l’Odisha, direction Bodhgaya dans l’état du Bihar, ville sacrée qui attire les pèlerins bouddhistes du monde entier pour étudier, prier, méditer. C’est ici, il y a 2600 ans que le prince Siddharta Gautama a connu l’Éveil sous le figuier sacré et est devenu Bouddha.
La ville la plus importante du Bouddhisme
C’est une toute petite ville, très touristique cependant. La plupart des nations bouddhistes sont représentées par un temple typique de chaque culture : Tibet, Bangladesh, Chine, Japon, Thaïlande, Bhoutan…
Nous choisissons de nous excentrer un peu, dans une guesthouse aux abords d’un humble village. Les chambres sont simples, propres et l’accueil détendu.
C’est ici que nous rencontrons nos nouveaux copains : Elsa, Laurent, Louise et Simon qui finissent leur voyage de six semaines en Inde. Nous passerons quelques jours ensemble, dans la bonne humeur.
On visite les temples, on discute philosophie de la vie, on squatte les « terrasses » des restaurants, on se raconte des conneries, la vie est belle quoi !
15 août, fête de l’indépendance de l’Inde
Nos copains ont rencontré Biquet, un indien qui parle parfaitement le français (j’ai un doute sur le choix du surnom qu’il s’est choisi…) et s’occupe d’une école gratuite pour les enfants défavorisés de la région. Il est médiateur entre ce projet et les donateurs. Il propose aux frenchies d’assister à la fête de l’indépendance à l’école. Nous les suivons tous les trois. Spectacles de danse et discours des enfants de tous les niveaux sont au programme de la matinée.
Il y a un monde incroyable, un soleil de plomb, de la musique indienne de tout style (même du rap indien…). Les élèves viennent des milieux sociaux les plus bas, notamment des Intouchables puisque le système des castes est encore très présent dans les zones rurales indiennes.
Tout le monde se marre, applaudit, réagit passionnément à ce qui se déroule devant leurs yeux.
Nous déambulons dans la foule en quête d’un peu d’ombre, la tête pleine de couleurs des saris, on prend les enfants qui nous le demandent en photo, on vibre avec les gens.
À la fin du show, on nous demande de monter sur scène tous ensemble. La peur s’installe, « c’est mort, on ne danse pas ! » On nous propose de remettre des prix aux participants qui sont vaillamment montés sur l’estrade. On offre à chacun un cahier et un stylo. Il fait sacrément chaud et on dégouline au bout de 30 secondes… Puis le présentateur nous coince en annonçant à la foule que les blancs vont leur présenter une petite danse du cru.
« C’est mort, on ne danse pas ! Allez, on se motive ! On ne les reverra jamais tous ces visages ! » OK, très bien ! Les gars se lâchent, Laurent improvise un kazatchok enflammé et pour nous les filles, ce sera une petite macarena tout en finesse. Il ne s’agira pas en plus de choquer un spectateur avec un bon déhanché à la Beyoncé…
Une fois les 50 °C de la scène derrière nous, on décide de repartir à pied, à l’aventure dans les rizières jusqu’à notre village. On remercie Biquet et nous voilà partis à la queue leu leu en équilibre pour éviter la boue. Certains pataugent au bout de 10 min, pieds nus (mmmh moi), d’autres jouent à l’appel de Banga, et certains ne passent pas le test (mmmh Emi).
Nalanda et Rajgir
Forts de cette journée géniale passée ensemble, nous décidons de louer un gros taxi pour notre groupe de sept et d’explorer Rajgir et Nalanda à 80 km de Bodhgaya.
Nalanda est une des plus anciennes universités bouddhistes. Elle fut fondée au Vème siècle de notre ère. Plus de 10 000 moines vivaient ici pour étudier la théologie, l’astronomie, la métaphysique, la médecine et la philosophie. Elle fut attaquée au XIIe siècle par les envahisseurs musulmans et il est dit que les 3 bibliothèques étaient si étendues, qu’elles brûlèrent durant près de 6 mois.
Il y avait plus d’une centaine de temples, un par monastère. 10 % ont été exhumés par les Anglais, soit 1 km seulement. C’était un complexe gigantesque pour l’époque et connu à travers toute l’Asie.
Après ça, nous partons explorer Rajgir qui fut une ancienne capitale du royaume de Maghada. Bouddha et Mahavira (contemporain de Bouddha et fondateur du Jaïnisme) passèrent beaucoup de temps ici, transformant la ville en lieu important du pèlerinage bouddhiste et jaïniste.
Une note du Mahabarata (texte sacré et épique de l’Hindouisme, j’en parle plus précisément ici) assure que c’est aussi un lieu privilégié pour effectuer un pèlerinage pour les hindous. Ceux-ci viennent donc se baigner dans les sources chaudes du temple de Lakshmi Narayan.
Je ne sais pas si tout vaut le coup à rajgir. Nous avons tenté quelques sites recensés dans le Lonely Planet (grosse erreur, comme d’hab) et nous sommes tombés sur de misérables et minuscules temples en ruines avec un « gardien » réclamant sans faute un bakshish. Un peu pourri quoi…
La seule chose qui nous ait réellement charmés sans exception est une grande stupa magnifique au sommet d’une colline. On y accède par un téléphérique une personne assez rocambolesque.
Vishwashanti Stupa est d’un blanc pur. C’est une structure de 40 m de haut avec des statues de Bouddha dans les 4 phases majeures de sa vie ; une à chaque point cardinal : Naissance, Éveil, Prêche, Mort.
Les shivaïtes sont très nombreux et dessinent dans le sable rouge des motifs éphémères.
Sur la route du retour, notre chauffeur fatigué ou bourré, échappe de justesse à quelques incidents ou accidents de la route… Il a failli écraser un mec, qui ne regardait pas du bon côté pour traverser, mais tout de même !!! On a pilé à moins d’un mètre de ses jambes…
Le temple de la Mahabodhi
Le lendemain, c’est notre dernier jour tous ensemble. Nous nous retrouvons au Mahabodhi, où fut élevé un temple qui marque l’emplacement de l’Eveil de Bouddha et où un descendant du figuier sacré s’élève majestueusement pour rafraîchir de son ombre les gens venus méditer sous ses branches.
Nous nous installons un peu en retraits des moines qui prient en chantant. C’est envoûtant, relaxant et propice à la méditation.
Pour notre dernier repas, on commande des bières (quelle folie !) et on déguste un then thuck maison (soupe tibétaine avec de grosses pâtes fraîches) sur le toit-terrasse de la guesthouse. On discute durant des heures et on rencontre d’autres Français qui prennent la relève.
La route à trois redémarre, on sert les copains dans nos bras en se promettant de se revoir en France !