Découvrir qu’un projet comme Green Vietnam pouvait exister dans cette partie du monde a été une excellente surprise doublée d’une expérience enrichissante. En quittant ce lieu, je me suis alors demandé si d’autres initiatives comparables pouvaient éventuellement se trouver dans les pays qu’on traverserait prochainement. C’est comme ça que je suis tombé sur le site internet d’Echoway, une association de voyageurs bénévoles qui ont compulsé un important nombre de projets « éco-touristiques » à travers le monde pour former un guide de voyage alternatif.
Ça devient un peu une révélation, une sorte de nouveau départ, une possible réponse aux questions qu’on se pose en tant que touristes responsables : concilier notre envie de découverte avec une approche écologique et solidaire.
Le descriptif de la ferme biologique située au nord de Vang Vieng est très alléchant (ici) : ce sera donc notre destination après Luang Prabang.
Le lendemain de notre arrivée (que Céline vous raconte ici), le propriétaire, Mr T (abréviation pour Thanongsi), nous raconte la création du site en nous présentant les lieux. Il nous explique que le but premier de ce projet est de prouver par l’exemple qu’il est possible de vivre et de se nourrir tout en respectant l’environnement.
Au départ, en 1996, quand il achète des terres ruinées par les pesticides et la mono-culture intensive, personne ne croit en cet homme qui n’a jamais été agriculteur et qui prétend vouloir faire changer les choses. Personne, pas même sa femme qui ne le rejoindra que 3 ans plus tard. Il faut dire qu’il a choisi quelque chose de très spécifique : planter des mûriers et utiliser leurs feuilles pour nourrir des vers à soie. Récupérer cette soie biologique est une activité qui demande énormément de patience, de savoir-faire et des personnes extrêmement compétentes qui sont de véritables infirmières à vers !
Malheureusement cette activité n’existe plus à l’heure actuelle, car Vang Vieng est aussi une ville bien connue des jeunes backpackers occidentaux (et surtout des australiens) comme étant un lieu de débauche d’alcool, de drogues et de musique diffusée à gros volume toute la journée dans des bars qui donnent sur la rivière très proche de la ferme. Les vers à soie, particulièrement sensibles, n’ont pas supporté toute cette agitation et sont morts. Heureusement pour nous, le calme est revenu depuis plusieurs mois dans le coin et les bars ont dû fermer (plus d’explications ici). Mr T espère pouvoir relancer la fabrication de la soie dans les meilleurs délais.
Même si ça a été très difficile, cet événement n’a pas condamné la ferme à disparaître car Mr T avait su diversifier ses activités bien avant l’arrivée du tourisme de masse. Les mûriers ne servaient pas seulement à nourrir les vers : les feuilles permettent aussi de faire du thé et des fruits on obtient des jus, des confitures et même du vin de mûres (surprenant !). Ces produits sont tous vendus au restaurant où l’on retrouve sur la carte du fromage de chèvre bio.
C’est grâce à un échange de compétences qu’un berger français va donner ses premières chèvres à Mr T en lui expliquant les bases de l’élevage et de la fabrication du fromage.
Une partie des bénéfices générés par les différentes activités de la ferme a servi à créer une association d’accès à l’éducation pour tous qui permet à de nombreux enfants des communautés environnantes d’aller à l’école, grâce à un bus spécialement affrété au ramassage scolaire, et de manger correctement à la pause déjeuner, grâce à des repas pris en charge par la ferme.
15 ans après la création du projet, son créateur a vieilli et ça n’a pas été évident de discuter avec lui comme on l’avait fait avec Quang à Green Vietnam. Mais l’essentiel c’est que Mr T ait réussi à prouver qu’il est possible, même dans un pays particulièrement « pauvre » comme le Laos, de vivre en respectant l’environnement.