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8 jours de jeep dans le Gobi

Dans le rétroviseur central, Oulan-Bator n’est déjà plus qu’un lointain souvenir. Ça ne fait qu’une heure qu’on a quitté la capitale mongole, mais nous voilà déjà encerclés par la nature. Les traces de présence humaine se limitent à la chaussée goudronnée (plus pour très longtemps) et aux cadavres de bouteilles de vodka dans le fossé. Ça y est, c’est parti pour plusieurs jours de jeep qui vont nous conduire jusqu’au fameux désert de Gobi.

Sur la piste

Bienvenue à bord

D’un coup de volant, notre chauffeur Bör vient de quitter la route principale pour emprunter une piste qui s’enfonce au cœur de la steppe. Il n’a ni carte ni boussole. Il connaît la route. Enfin, c’est l’impression qu’il nous donne. Ça va faire plus de 10 ans qu’il promène des touristes dans son 4×4, on peut donc légitimement lui faire confiance : c’est un chauffeur d’expérience. On s’habituera au fur et à mesure, mais au départ c’était assez impressionnant de voir comment il s’orientait au milieu de nulle part. En suivant les montagnes au loin, ou bien ce bout de piste qui part sur la gauche, ah non à droite finalement, il nous conduira chaque fois à bon port. Et en douceur le plus souvent. Les filles, ravies, le féliciteront par des « Bör, j’adore !! »

Bör, notre conducteur qui déchire

Cette bonne ambiance générale à bord de la jeep témoigne de la super rencontre que nous avons faite avant de partir. Marie et Lise, deux infirmières de Grenoble, avaient comme nous l’intention de parcourir un bout de l’immensité du territoire mongol en 4×4. Bilegt nous a mis en relation et ça s’est tout de suite très bien passé entre nous. Nous avions les mêmes envies et les mêmes attentes, donc on était fait pour s’entendre tous les 4, et c’était essentiel pour que chacun d’entre nous apprécie complètement son immersion en Mongolie.

Les filles sur la routes

Il est 13 h 30, c’est la pause déjeuner. Bör stoppe son 4×4 sur une aire de pique-nique déserte, grande comme la Bretagne. Au menu : soupe de pâtes instantanées, la nourriture de base des aventuriers qui se respectent. On a perdu quelques dizaines de degrés depuis l’Inde, mais on s’est équipé correctement pour affronter ce froid sec. Rien ne peut, ni ne doit, contrarier notre enthousiasme et notre envie de s’en mettre plein les yeux. D’ailleurs, on arrive bientôt à Baga Gazriin Chuluu, un impressionnant massif de granit qui surgit d’un coup au milieu de la steppe plane.

Kélig sur un bloc de granit

Du haut de ses formations rocheuses, le panorama est magnifique. Un peu plus loin, on découvre les ruines d’un temple bouddhiste au milieu d’un canyon étroit. Des bouleaux jaunes confèrent au lieu une aura particulièrement mystique.

Ancien temple près de Baga Gazriin Chuluu

Notre première journée s’achève bientôt, et Bör doit maintenant nous trouver une yourte d’accueil dans laquelle on va pouvoir passer notre première nuit (très fraîche). Malgré le nombre de touristes de passage ici, la famille de nomades (la mère et son fils) continue de vivre à son rythme, et on assiste, fascinés, à la traite du soir des chèvres. Les choses les plus simples constituent souvent les spectacles les plus beaux.

A la mongole

Chameaux et coucher de soleil

Le lendemain, on change de décor. Et ce sera comme ça tous les jours ! Certains s’imaginent peut-être la Mongolie comme une vaste steppe plate et ennuyeuse, mais, en fait, pas du tout. La variation des paysages est remarquable, et on a été les premiers frappés par ce constat. On a un rendez-vous sur les falaises de Tsagaan Suvarga pour imaginer ce qu’était le désert de Gobi il y a quelque 70 millions d’années.

Tsagaan suvarga

À l’époque, la plaque indienne n’avait pas encore percuté la plaque eurasienne pour former la chaîne de montagne la plus haute du monde : l’Himalaya. Le Gobi était donc recouvert par un océan et les falaises de Tsagaan Suvarga contiennent de nombreuses traces de ce passé marin. Avant de repartir, on passe à gauche du cairn de pierres et on en fait 3 fois le tour en souhaitant que le voyage se déroule bien.

Un ovoo dans le désert

Ces lieux sacrés représentent le lien avec le monde des esprits, et s’appellent des ovoos. Depuis très longtemps, les Mongols combinent assez bien entre eux le chamanisme et le bouddhisme. Ces petites pyramides sont situées le plus souvent au sommet des montagnes, au passage des cols ou près de formations géologiques exceptionnelles. De nombreuses étoffes bleues y sont déposées par les pèlerins. Elles symbolisent l’esprit du ciel : Tengri qui est leur dieu le plus important. Et quand on lève la tête pour admirer le bleu du ciel, on comprend pourquoi il est vénéré depuis si longtemps…

Toujours le ciel

À l’arrivée à notre nouveau camp de yourtes pour la nuit nous attend un des animaux les plus emblématiques du Gobi : le chameau. Alors oui, ils sont particulièrement moches et ridicules – surtout quand ils courent –, mais ils sont capables de porter 250 kilos de bât et de supporter des températures allant de -25 °C à 50 °C. Ils peuvent vivre jusqu’à 70 ans et passer de nombreuses semaines sans boire.

À boire

Quand ils sont état de déshydratation, et que leurs bosses – témoins de leur bonne santé – se ramollissent, ils avalent plus de 100 litres d’eau en moins de 10 minutes. Toutes ces qualités font d’eux les véritables vaisseaux du désert, absolument indispensables pour quiconque souhaite s’y aventurer. Les familles de nomades qu’on trouve dans le Gobi les élèvent pour leur viande et leur fourrure, et traient les chamelles qui donnent un lait très riche en vitamine C.

Les bébés chameaux et le baby-sitter

Après une nouvelle journée à illuminer pour nous des paysages splendides, le soleil va bientôt tirer sa révérence. On monte au sommet d’un relief pour admirer cet événement quotidien. En face de lui, la pleine lune bien ronde prend le relais pour la nuit. Sa majesté l’astre solaire et notre satellite sélénique en tête-à-tête éphémère et exceptionnel. Cette transition magique nous laisse bouche bée. Par la suite, on aura l’occasion d’observer de nouveaux couchers de soleil grandioses, mais celui-là était particulièrement précieux.

Un autre coucher de soleil

La vallée de Yolyn Am

Au milieu du désert de Gobi, on trouve une vallée, profonde et étroite dans le massif montagneux de Gurvan Saikhan. Cette vallée s’appelle Yolyn Am – la vallée des vautours.

Dans la vallée de Yolyn Am

Le fond de la gorge verdoyante est normalement recouvert toute l’année d’une glace bleutée qui atteint plusieurs mètres d’épaisseur à la fin de l’hiver. Mais ce « champ de glace » n’est plus éternel et tend à disparaître entièrement après les chaleurs de l’été. C’est tout de même surprenant de découvrir, en plein désert de Gobi, cette vallée où paissent de nombreux yaks.

Des yaks

Les pikas, petits mammifères de la famille des lapins, les regardent passer tout en s’activant pour amasser dans leur terrier, leur nourriture pour l’hiver.

Un pika

Les dunes de Khongoryn Els

Lorsqu’on se représente le désert, les dunes sont, souvent, les premières images qui viennent en tête. Pour parfaire la vision que l’on a du désert de Gobi, il est donc indispensable qu’on aille faire un tour au sommet de l’une d’entre elles.

Vue de la yourte

Les dunes de Khongoryn Els sont – apparemment – les plus spectaculaires dunes de Mongolie. Elles peuvent atteindre 300 mètres de haut et s’étalent sur 180 km de long. Après un court repos et une nouvelle soupe de pâtes instantanées, c’est gonflés d’énergie et de motivation qu’on part, tous les 4, à l’assaut de ce tas sable.

La pause déj

Au pied de la dune se trouve une oasis qui permet aux chevaux et aux chameaux de se déshydrater. Le contraste est saisissant, car juste après commence l’étendue sablonneuse qui semble interminable.

Des chevaux sauvages

Il faut maintenant tracer, en zigzaguant pour que ce soit plus facile, pour pouvoir avaler les nombreux mètres qui nous séparent de la crête et de la promesse d’une vue superbe. Ça n’a rien d’évident avec tout ce sable – quelle idée d’en mettre autant – et cette pente singulièrement raide. Mais comme toujours, nos efforts sont largement couronnés. Au sommet, on découvre un champ de dunes prodigieux qui s’étend à perte de vue.

Au sommet

Il se dégage de cet horizon quelque chose de très pur et d’irréel. Tellement peu habitué à ce type de paysage qu’on le croit sorti d’un film de science-fiction.

Bien mais pas top!

Le vent souffle de plus en plus fort, nous rappelant qu’ici, c’est lui le créateur de reliefs et le seul maître à peupler les lieux. On dévale la pente, super heureux d’avoir vu et enregistrer les sensations au sommet de la dune.

Le vent n'en fait qu'à sa tête

Il nous reste encore 4 jours de découvertes et d’aventures…

 

 

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